A.GREEN ETAT LIMITE
Les états limites, écrit Jean Bergeret, se trouvent de plus en plus cernés économiquement comme des organisations autonomes et distinctes à la fois des névroses et des psychoses. (p198) Ils se situent à la fois entre la structure névrotique et la structure psychotique mais au niveau de la première et de la deuxième étape seulement de l’organisation du moi, c’est-à-dire avant qu’il y est déjà constitution d’une structure au sens véritable et figé du terme (200) Dans le développement psychosexuel de l’enfant et après sa « distinction du non-moi » que nous pouvons situer à l’âge de 2 ans et demi 3 ans, l’enfant n’a pas de structure stable. C’est après ce premier stade que l’économie, le topique et la dynamique du psychisme de l’enfant vont s’organiser vers la constitution d’états (199). Ainsi cette formation s’élaborerait selon deux structures possibles, névrotique et psychotique, entre lesquelles viendraient se disposer la structure et la personnalité de l’Etat-limite. Nous parlons bien de lignées névrotique et psychotique: Selon J. Bergeret, certains sujets auraient pu dépasser des traumatismes qui auraient pu causer des fixations pré-psychotiques, sans opérer des régressions à ces points de fixations. Cependant c’est lors du passage au conflit œdipien qu’auraient pu se produire d’importants traumatismes psychiques. Traumatisme au sens affectif du terme et qui auraient pu engager des motions pulsionnelles trop chargées par un Moi non encore consolidé et organisé par les mécanismes de défense, de l’adaptation et de ses équipements, nous dit J. Bergeret. En d’autres termes l’enfant est entré trop précocement et massivement en contact avec les données œdipiennes. Il s’ensuit que l’intégrité narcissique du sujet serait réellement fragilisée. De ce fait le sujet aura beaucoup de difficulté à négocier ses perceptions affectives dans la triangulation d’un point de vue économie, comme peut le faire plus tard la structure névrotique. En d’autres termes, il lui sera impossible de « s’appuyer sur l’amour du père pour supporter les sentiments hostiles envers la mère et inversement. » Il lui sera également « difficile d’utiliser le refoulement pour éliminer du conscient l’excès des tensions sexuelles ou agressives ». Il utilisera (204) des mécanismes proches du psychotique (déni, identification projective, dédoublement des imagos, maniement omnipotent de l’objet). Le traumatisme de l’enfance joue le rôle de premier désorganisateur psychique du sujet enfant. Il se prolongera dans la vie adulte sous une forme d’immaturité affective. Par conséquent, dit J. Bergeret, l’état limite demeure dans une situation aménagée mais non structurellement fixé. C’est en ce sens qu’il ne peut pas être considéré comme une structure. L’état limite a dépassé l’angoisse de morcèlement. Il se trouve plus dans celle de la séparation. Il se protège alors de la dépression sous-jacente. Son moi n’a pas accédé à une relation d’objet génital, « c’est-à-dire au niveau des conflits névrotiques entre le ça et le surmoi. De ce fait « la relation d’objet demeure sur une dépendance anaclitique. » (204) L’angoisse du psychotique c’est l’angoisse de morcèlement, c’est une angoisse sinistre, de désespoir, de repli et de mort. L’angoisse du névrotique, c’est l’angoisse de castration. C’est une angoisse de faute, vécu dans le présent mais centrée sur un passé qu’on devine très érotisé. L’angoisse de l’Etat-limite est une angoisse de perte d’objet et de dépression qui concerne à la fois un vécu passé malheureux sur le plan narcissique qu’érotique et, en même temps, reste centré sur un avenir meilleur, teintée d’espérance, de sauvetage, investie dans la relation de dépendance vis-à-vis de l’autre. » Dédoublement des imagos, réactions projectives, évitement, forclusion, (déni, clivage). La névrose classique correspond à la lignée génitale : Œdipe, pénis, surmoi, conflit sexuel, culpabilité, angoisse de castration, symptôme (s). L’état-limite se situe dans une suite plus élémentaire de mécanismes psychiques, une lignée narcissique et non-génitale et œdipienne. La lignée est : narcissisme, phallus, idéal du moi, blessure narcissique, angoisse de perte d’objet, dépression. » (B. Grunberger) La décompensation de l’état limite intervient dans les blessures narcissiques notamment lors de la senescence pour ceux qui ont su maintenir leur équilibre par un aménagement. Il peut y avoir à cette occasion des conduites de suicide. La situation narcissique de l’Etat-limite peut se trouver déborder par des éléments extérieurs comme des post-partum, mariage, deuil, bouleversements sociaux, accident affectif ou corporel. Dans ce bouleversement, il se produit une surcharge pulsionnelle qui peut venir bouleverser les défenses du moi et leurs aménagements. Deux trajectoires restent à l’Etat-limite suite à la décompensation et son angoisse dépressive : La voie névrotique, si le surmoi (idéal du moi) joue un rôle suffisant de filtre du ça ; soit psychotique, si la charge pulsionnelle balaye intégralement les aménagements d’adaptation du moi. Dans la forme de stabilité, l’Etat-limite peut s’orienter vers la névrose de caractère, la psychose de caractère ou encore la perversion de caractère. Concernant la névrose de caractère, il ne s’agit pas de la structure névrotique à caractères hystérique ou obsessionnelle mais bien d’état limite avec tendance hystérique et/ou obsessionnelle sans re-tomber dans la structure névrotique. C’est un aménagement défensif qui permet à l’Etat-limite de ne pas sombrer dans son angoisse dépressive par des formes de formations réactionnelles antidépressive et d’adaptation. La maladie de l’Etat-limite ne correspond pas à un conflit entre le moi et le ça mais bien de celle de la relation à l’objet. La névrose de caractère demeure en dehors de la structure névrotique. L’état limite joue la névrose puisqu’il n’a pas les moyens structurels, génitaux, et œdipiens. Ses efforts et ses formations réactionnelles le protègent contre sa dépression. Chez l’état limite il ne s’agit pas d’un conflit entre le ça et le moi mais de la relation à l’objet. Le moi de l’état limite se déforme et ne se dédouble pas. Avec le monde extérieur, le moi va procéder à deux orientations : l’adaptation au monde extérieur, et l’anaclitisme avec des relations de dépendance-maitrise. Dans cette dernière relation, l’Etat-limite va procéder à un dédoublement des imagos sur l’objet extérieur avec tantôt une image rassurante et bienveillante sur laquelle il va s’appuyer et tantôt une image terrifiante et négative qu’il va rejeter. Les deux imagos sont inconciliables. Incomplétude narcissique utilisant en formation réactionnelle l’anaclitisme et l’imitation et non l’identification.
Dans la névrose de caractère oral, l’oralité est insatisfaite. Les pulsions ne sont pas libres, le narcissisme est en défaut. Le sujet état limite est souvent jaloux et pessimiste, il est en lutte avec le besoin de s’occuper de lui et qu’on s’occupe de lui. @ Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l'adaptation ou la transformation, l'arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque. Pour toute autorisation contacter l'auteur Alain Giraud
La lignée psychotique (P200): Elle est marquée à son point de départ par des traumatismes ou des frustrations graves de la période fœtale. Ils s’y produiront des fixations auxquelles s’effectueront des régressions pendant l’enfance et l’adolescence et l’ensemble de la vie du sujet. C’est à l’adolescence que la bifurcation vers la lignée névrotique peut s’effectuer ou non. Si le sujet est guidée par des fixations tenaces alors la lignée psychotique sera empruntée.
La lignée névrotique(p201): Jusqu’à l’entrée au stade phallique le développement du sujet dit « banal » conduit ce dernier au conflit œdipien et il en résultera des fixations qui opèreront des régressions. « La période de l’adolescence, écrit J. Bergeret, après un arrêt de l’évolution structurelle » (202) les bouleversements structuraux s’édifieront à l’adolescence. S’ils s’avèrent trop intenses, ceux-là peuvent conduire à emprunter une lignée psychotique. Dans la majorité des cas le « Moi névrotiquement pré-organisé » s’organise sur la lignée névrotique.
Aménagement limite
Le traumatisme (204)
L’organisation économique de l’état limite
La relation d’objet psychotique demeure fusionnelle à l’objet maternel. Elle est de type narcissique intégral en ce sens qu’elle est incluse dans le narcissisme de la mère ou de son représentant. Elle conduit à l’autisme, au désinvestissement des objets de réalité et à une néo-construction objectale.
La relation d’objet névrotique s’oppose à une triangulation connotant le conflit œdipien et nécessitant un potentiel génital suffisant.
La relation d’objet de l’Etat-limite demeure une relation à deux mais différente de la dyade primitive rencontrée dans les psychoses. Il s’agit d’être aimé de l’autre, le fort, le grand, en étant à la fois séparé de lui en objet distinct, et à la fois en s’appuyant contre lui (anaclitisme). Souvent c’est même les deux parents (non-génitaux) dont il faut se trouver aimé à la fois et nous arrivons ainsi à une triade narcissique (B. Grunberger), souvent confondu à tort avec la véritable triangulation œdipienne, pourtant fort différente. »
Le champ relationnel de l’Etat-limite se divise en deux : l’un conservant une évaluation correcte de la réalité ; l’autre étant plus idéaliste et utilitaire. Le Moi perçoit le monde extérieur en deux modes l’un adaptatif, l’autre anaclitique.
Mécanisme de défense de l’Etat-limite
Évolution aigüe de l’Etat-limite
Évolution stable de l’état limite
Névrose de caractère
Dédoublement des imagos
Le sujet État-limite est souvent hyperactif, avec une vie fantasmatique assez faible, utilisation de manipulation dans ses comportements, avec des jugements moraux, défensifs et rigides. Il accuse le monde dans sa forme de rejet de ce qui lui parait terrifiant et quelques fois peut l’étendre à son entourage proche.
Point dominant et pathologique
Le caractère oral de l’état limite